Article | 09 Sep, 2021

Le Congrès de l'UICN est témoin de nouveaux engagements politiques et initiatives de financement en Méditerranée

12 organisations de premier plan en Méditerranée présentent de nouvelles solutions financières et de conservation pour faire face à la crise climatique et de la biodiversité dans la région.

Marseille, le 9 septembre 2021 - Le Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui s’est tenu à Marseille, a offert à la communauté méditerranéenne de la conservation une occasion importante d’échanger sur de nouvelles solutions pour relever les principaux défis de la région, en termes d'action climatique et de conservation de la biodiversité. Suite aux nouvelles annonces politiques et au lancement du Plan d'action « La Méditerranée une mer exemplaire d’ici 2030 (PAMEX) par 8 gouvernements méditerranéens pour préserver la biodiversité marine, à travers 19 actions opérationnelles, 12 organisations partenaires se sont associées pour explorer ensemble de nouveaux mécanismes de régénération fondée sur la nature pour l'ensemble de la Méditerranée.

L'urgence d'agir pour renverser les tendances actuelles dans la région est confirmée par les résultats de trois rapports préparés par MedECCPlan Bleu (avec la contribution du SPA/RAC sur les questions de biodiversité) et la Tour du Valat, à savoir le MedECC MAR1 – Changement climatique et environnemental dans le bassin méditerranéen – Situation actuelle et risques pour le futur. Premier rapport d’évaluation sur la Méditerranée, le Rapport sur l'état de l'environnement en Méditerranée et le Rapport Méditerranée vivante. Dans une région qui se réchauffe 20% plus vite que le reste du monde, les effets dramatiques du développement non durable au niveau des écosystèmes terrestres et marins mettent en danger les moyens de subsistance des générations présentes et futures.

« La biodiversité est un pilier de la renaissance verte que nous souhaitons voir en Méditerranée. Nous devons tous unir nos forces pour mettre fin à la perte de biodiversité et assurer un avenir plus sain à notre société », a déclaré Khalil Attia, directeur de SPA/RAC.  

En outre, les partenaires ont souligné que renverser la perte de la biodiversité est possible et que des solutions ont été déjà identifiées. Un changement systématique ne peut être réalisé que grâce à l'effort de collaboration des décideurs politiques, des communautés locales, des gestionnaires d'aires protégées, des administrations, des universités, des ONG et du secteur commercial et financier.

Le récent rapport 30 par 30 du WWF a présenté les premières preuves scientifiques sur les multiples avantages pour la biodiversité marine et les populations de poissons commerciaux que les scénarios de 30% de protection proposés pourraient apporter en Méditerranée.

« La science n'a jamais été aussi claire, la perte rapide de la biodiversité en Méditerranée a poussé le monde naturel à ses limites. Maintenant, une action ambitieuse est nécessaire. Étendre l’aire de conservation à 30% d'ici 2030, avec des approches basées sur les droits des communautés, est une étape fondamentale pour inverser la tendance actuelle. Plusieurs pays méditerranéens ont déjà exprimé leur soutien à l 'objectif 30 par 30. Nous espérons que tous les pays qui ne l'ont pas encore fait s'engageront sur cet objectif lors de la COP 22 de la Convention de Barcelone, pour montrer l'ambition collective de la région avant l'adoption du Cadre mondial pour la biodiversité de la Convention sur la diversité biologique " a commenté Giuseppe Di Carlo, directeur de l'Initiative marine méditerranéenne du WWF.

A travers l'initiative conjointe « Pour une Méditerranée sans plastique », la Région Provence - Alpes - Côte d'Azur et l'UICN ont signé un engagement à multiplier les actions pour réduire la pollution plastique, notamment des appels à projets locaux, la mise en place d’un système d'observation, l’amélioration des connaissances des bonnes pratiques dans le cadre d'une Charte d'engagement pour les régions méditerranéennes.


press_conference_iucn_med.jpgPhoto: santiago suarez iucn

Résolution sur les Solutions fondées sur la nature dans la région

Dans le cadre du Congrès, les membres de l'UICN ont approuvé la Résolution 31 - Mise en œuvre de solutions fondées sur la nature (SfN) dans le bassin méditerranéen, appelant les gouvernements méditerranéens et la société civile à mettre  en œuvre et à promouvoir activement les SfN à travers la création de réseaux et d'infrastructures vertes. Le pavillon « Mediterranean Solutions » a réuni des représentants de différents secteurs, politiques, économiques et environnementaux, pour explorer ensemble comment avancer et améliorer les SfN au niveau régional en tenant compte des standards relatifs aux SfN de l’UICN.

« L'UICN, à travers ses membres et partenaires dans la région méditerranéenne, s'est engagée à soutenir de nouvelles coalitions pour mettre en œuvre les SfN pour faire face à la crise climatique et de la biodiversité » explique Antonio Troya, directeur du Centre de coopération méditerranéenne de l'UICN.

Les 12 organisations régionales travaillent déjà ensemble à travers différents réseaux thématiques et cherchent désormais à capitaliser leurs efforts avec des exemples concrets qui renforcent les réponses collaboratives et intersectorielles. Un exemple de coopération transfrontalière est la proposition de l'Italie, de la France, de Monaco et de l'Espagne d'établir une Zone maritime particulièrement vulnérable (PSSA) dans le nord-ouest de la Méditerranée à travers l'OMI, pour protéger les grands cétacés et autres espèces migratrices, soutenue par plusieurs organisations internationales, régionales et sectorielles, tels que l'ACCOBAMS, le PNUE/PAM, l'UICN et le WWF.

Un autre exemple est l'Alliance pour la protection marine globale lancée lors du Congrès, avec des organisations méditerranéennes impliquées (MedPAN et The MedFund) unissant leurs forces au-delà de la Méditerranée, avec d'autres réseaux d'aires marines protégées et fonds fiduciaires pour la conservation pour parvenir à une mise en œuvre concrète des objectifs  30 par 30. Par ailleurs, le Consortium méditerranéen pour la biodiversité, lancé il y a quelques mois, va développer une initiative conjointe sur les SfN pour accroître la résilience côtière dans plusieurs pays de la région.

Malgré toutes ces nouvelles initiatives montrent le dynamisme de la région, lors du Congrès de l'UICN, tous les partenaires se sont accordés sur la nécessité de promouvoir des mécanismes financiers durables et d'améliorer la collaboration tant avec le secteur privé qu'avec d'autres secteurs n'appartenant pas au monde de la conservation.

« Compte tenu de l'évolution rapide des conditions méditerranéennes, la mobilisation de fonds pour la conservation marine et terrestre est vitale pour maintenir les connaissances à jour à travers diverses campagnes scientifiques et bases de données », a commenté Susana Salvador, secrétaire exécutive de l'ACCOBAMS.

Lancement de nouvelles initiatives financières

Le Congrès de l'UICN a permis de présenter deux instruments financiers innovants, résultant de la collaboration entre donateurs publics et privés et offrant de nouvelles opportunités de financement, telles que la Highly Protected Mediterranean Initiative de The MedFund et DIFME - Donor Initiative for Mediterranean Freshwater Ecosystems de la Fondation Jensen, toutes deux signées en présence du Prince Albert II de Monaco. Le Fonds français pour l'environnement mondial (FFEM) a aussi signé un accord pour lancer le programme PPI-OSCAN III d'initiatives à petite échelle pour les ONG en Afrique du Nord. Les trois initiatives seront cofinancées par la Fondation MAVA.

D'autres initiatives financières intéressantes, lancées récemment, ont été présentées lors du Congrès de l'UICN, à savoir le Fonds Posidonia (Fons Posidonia en catalan) du gouvernement des îles Baléares, qui est incorporé dans le cadre d'un décret sur la loi relative à la Posidonie, et le Sebou Water Fund, un mécanisme de financement durable basé sur le paiement des services écosystémiques, et qui a mobilisé des fonds importants pour soutenir les organisations civiles au Maroc.

« Plus  la communauté de la conservation travaille ensemble, plus nous pouvons générer de fonds et les utiliser efficacement », a commenté Paule Gros de la Fondation MAVA.

Les activités du pavillon « Mediterranean Solutions » au Congrès de l'UICN a démontré que le changement a déjà commencé et que la force des cadres de gouvernance et des réseaux d'experts existants en Méditerranée peut être un exemple pour d'autres régions du monde.

Au cours des prochains mois, certains jalons importants tels que le Forum des aires marines protégées et la COP 22 de la Convention de Barcelone (où seront examinés, en vue de leur adoption, le nouveau Programme d'action stratégique post-2020 pour la conservation de la diversité biologique et la gestion durable des ressources naturelles en région méditerranéenne, et la proposition de désigner la mer Méditerranée dans son ensemble en tant que zone de contrôle des émissions d’oxyde de soufre (SOx)), ainsi que le Forum méditerranéen de l'UICN, fourniront des occasions de poursuivre ces efforts conjoints pour freiner la perte de biodiversité d’ici 2030 et assurer la régénération et la restauration de la écosystèmes d'ici 2050 dans la région.


Med Solutions stand IUCN CongressPhoto: Marion Pehee

"Mediterranean Solutions " : liste des 12 organisations

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