Cette annonce représente le résultat final d'un processus d'une année entière, d’un atelier scientifique intensif d'une semaine en mai dernier évaluant les données sur les IMMA candidates suivi d’un examen par les pairs. Dans le même temps, un certain nombre d’IMMA candidates issus des précédents ateliers régionaux IMMA ont été réévaluées au cours des derniers mois, ce qui a permis à six zones d'obtenir le statut d'IMMA à part entière.

Au total, 39 nouvelles IMMA ont été ajoutés à l'atlas en ligne des IMMA et peuvent désormais être téléchargées sous forme de fichiers de forme (shapefiles) avec les informations correspondantes.

À ce jour, 74,3 % de l'océan mondial examiné à la recherche d'IMMA, ces dernières représentant 13 % de la zone étudiée. Les AMGI se répartissent à 57 % dans les zones économiques exclusives (ZEE) et 43 % dans les eaux internationales en haute mer. À l'échelle mondiale, il existe aujourd'hui 280 IMMAs et 185 zones d'intérêt (AoI).

Les IMMAs sont définies comme des portions distinctes d'habitat, importantes pour les espèces de mammifères marins, qui sont le potentiellement désignées dans un objectif de conservation. Il ne s'agit pas de désignations légales, mais d'évaluations indépendantes, examinées par des pairs et basées sur des critères qui s’appuient sur des données.

Les pays d'Europe occidentale disposent d'un large éventail de mesures de conservation spatiale, tels q’au niveau national  avec les aires marines protégées (AMP), mais aussi les zones spéciales de conservation (ZSC) de la directive Habitats de l'Union Européenne, ou la convention OSPAR, les désignations de l'Organisation maritime internationale (OMI), ainsi que l'aménagement de l'espace marin, tant par la directive-cadre "Stratégie pour le milieu marin" de l'UE que par les efforts déployés aux niveaux national et local.

Les IMMA peuvent sembler redondantes dans les eaux de l'Europe et de l'Atlantique Nord-Est, où les mammifères marins sont théoriquement juridiquement protégés au niveau international, régional et national,

explique Erich Hoyt, coprésident du groupe de travail de l'UICN sur les aires protégées pour les mammifères marins. "Mais en fait, les IMMAs permettent de vérifier si les habitats des mammifères marins sont inclus dans les mesures existantes. Dans le même temps, elles révèlent de nouvelles zones importantes qui doivent être protégées".

M. Hoyt et d'autres scientifiques appellent les gouvernements à prendre des mesures pour utiliser l'outil IMMA dans l'aménagement de l'espace marin, la création de zones marines protégées et la réalisation d'études d'impact sur l'environnement.

North East Atlantic and Baltic Sea IMMA and AoL

La région du nord-est de l'océan Atlantique et de la mer Baltique (NEATLO) couvre près d'un quart de l'océan Atlantique. Riche en espèces, la région offre un habitat essentiel aux baleines à bosse (Megaptera novaeangliae), aux baleines bleues (Balaenoptera musculus) et aux rorquals communs (B. physalus), qui s'y nourrissent et y migrent. Les îles Canaries, les Açores et le golfe de Gascogne, ainsi que d'autres eaux hauturières de la région, abritent des habitats en eaux profondes pour la baleine de Cuvier (Ziphius cavirostris) et d'autres espèces cryptiques de baleines à bec (Mesoplodon). Outre les petits rorquals communs (B. acutorostrata), les marsouins communs (Phocoena phocoena), les dauphins communs (Delphinus delphis), les dauphins de Risso (Grampus griseus), les grands dauphins communs (Tursiops truncatus) et les phoques communs ; il existe des espèces endémiques à la région, comme le marsouin commun de la mer Baltique, en danger critique d'extinction et en diminution, et les phoques annelés de Saimaa (Pusa hispida saimensis) et de Ladoga (Pusa hispida ladogensis), en danger d'extinction. Il existe plusieurs populations d'orques (Orcinus orca), dont la sous-population du détroit de Gibraltar, en danger critique d'extinction, qui ne compte que 39 individus se nourrissant de thon rouge et qui endommagent ou brisent régulièrement le gouvernail des petits bateaux traversant la région.

Nous sommes en train de franchir un cap en ce qui concerne la reconnaissance par les gouvernements, l'industrie et les universités de la valeur des IMMAs,

déclare Giuseppe Notarbartolo di Sciara, coprésident de la task force. "Alors que nous nous rapprochons d'une vision globale, les IMMAs garantissent aux baleines et aux autres mammifères marins une place à la table des négociations sur les mesures de conservation. Il est urgent d’en tenir compte.

L'atelier d'une semaine de l'IMMA sur l'Atlantique Nord-Est, qui s'est tenu à Hambourg, en Allemagne, en mai 2023, a bénéficié d'une subvention de la Water Revolution Foundation. La réunion a été organisée par le secrétariat IMMA de la task force. Les 53 participants à l'atelier, originaires de 13 pays, faisaient partie des meilleurs scientifiques de la région spécialisés dans les mammifères marins. Ils ont commencé par examiner 395 domaines d'intérêt préliminaires (pAoI). Les pAoI sélectionnées ont fait l’objet d’un texte soutenant divers critères basés sur des preuves scientifiques et une cartographie détaillée, ainsi qu'une justification des limites choisies. À l'issue d'un processus approfondi mené par un comité d'examen indépendant, la cartographie de ces zones est à présent terminée.

Notes et liens supplémentaires

- L'initiative IMMA est un partenariat entre le groupe de travail conjoint de l'UICN sur les aires protégées pour les mammifères marins (Joint SSC-WCPA), l'institut de recherche Tethys et l'organisation Whale and Dolphin Conservation (WDC). Un article récent paru dans Frontiers in Marine Science détaille les travaux du groupe de travail IMMA (2016-2022) : https://www.marinemammalhabitat.org/download/the-important-marine-mammal-area-network-a-tool-for-systematic-spatial-planning-in-response-to-the-marine-mammal-habitat-conservation-crisis/

- Les travaux de la Task Force pour son initiative IMMA ont été financé principalement par l'Initiative internationale sur le climat (IKI) du ministère fédéral allemand de l'environnement, de la protection de la nature, de la construction et de la sécurité nucléaire (BMUB) dans le cadre de l'Initiative mondiale pour la biodiversité des océans (GOBI). Les régions individuelles ont été financées par l'Agence française pour la biodiversité (OFB) par l'intermédiaire du programme marin et polaire de l'UICN et par la Fondation MAVA avec l'aide opportune de l'Animal Welfare Institute et d'autres. Le financement de la région IMMA de l'océan Atlantique Nord-Est et de la mer Baltique a été assuré par la Water Revolution Foundation, avec l'aide d'OceanCare et d'orca.org, qui ont tous deux envoyés des participants à l'atelier.

- Le nombre total d'IMMA s'élève désormais à 280, auxquels s'ajoutent 185 zones d'intérêt (AoI). L'atlas électronique présentant les cartes de toutes les IMMA et zones d'intérêt identifiées à ce jour est disponible à l'adresse suivante : https://www.marinemammalhabitat.org/imma-eatlas/. Le statut d'AoI n'est pas aussi fort que celui d'IMMA, mais il est précieux pour faciliter et orienter les futures activités de surveillance et de recherche sur les mammifères marins dans la région, ce qui pourrait à l'avenir contribuer à la transformer en IMMA.

- Ce communiqué de presse et un rapport final sur la région IMMA de l'Atlantique Nord-Est et de la mer Baltique peuvent être téléchargés gratuitement sur le site web marinemammalhabitat.org : https://www.marinemammalhabitat.org/resources/documents/

- Pour obtenir des fichiers de forme et des informations détaillées sur les 280 AMGI approuvées, veuillez consulter le site suivant

https://www.marinemammalhabitat.org/immas/imma-spatial-layer-download/

Pour de plus amples informations, des pistes d'articles, des contacts et l'utilisation de photos et de cartes, envoyez un courriel au co-président de la Task Force : Erich Hoyt, erich.hoyt @ imma-network.org