Article | 17 Nov, 2021

The Restoration Initiative: Une histoire de Sao Tomé-et-Principe

Combler le fossé qui sépare le secteur bancaire des opportunités d’investissement dans la restauration à Sao Tomé-et-Principe

content hero image

Photo: FAO / Marco Pagliani

 

L'un des principaux obstacles à la mise en œuvre élargie et à grande échelle de la RFP est lié aux difficultés d’accès au financement et au crédit rencontrées par les entreprises, notamment les petits exploitants agricoles, pour investir dans la RFP. De nombreuses entreprises qui ont vu leurs exploitations agricoles, leurs parcelles forestières, leurs propriétés foncières et leurs chaînes d’approvisionnement affectées par la dégradation des sols, voudraient pouvoir investir dans des mesures de restauration qui offrent un bon rendement potentiel. Cependant, l’accès à des fonds pour la restauration peut être difficile pour un certain nombre de raisons. Parmi ces raisons, on peut citer la méconnaissance de la RFP au sein du secteur bancaire, l’incertitude sur la manière d’évaluer le risque et de rémunérer les investisseurs pour les multiples avantages, notamment publics, qui découlent de la RFP, et le manque de lignes de crédit, y compris élémentaires, pour de nombreux petits exploitants.

Le projet TRI à Sao Tomé-et-Principe (STP) s’efforce de lever ces obstacles. En collaboration avec l’Association des banques (ASB), une institution parapluie représentant les cinq plus grandes banques privées opérant dans le pays, et la Banque centrale publique de STP, le projet contribue à faire avancer un programme de travail ambitieux comprenant une réforme de la politique nationale, ainsi que le renforcement des capacités et le développement d’instruments financiers adaptés au secteur financier. L’objectif est d’aider à stimuler de nouveaux flux de financement public et privé vers la restauration et la gestion durable des terres à STP.

Le travail mené en collaboration avec l’ASB se concentre sur la création et la mise en œuvre de programmes de microcrédit ciblant le secteur de l’agroforesterie, ainsi que sur le développement d’un code de conduite destiné à favoriser les investissements respectueux de l’environnement, que les institutions financières membres de l’ASB s’engageraient à suivre. Le soutien du Programme TRI, que ce soit le projet de soutien global et le projet TRI à STP, comprend la fourniture d’un programme de formation sur les principes fondamentaux de la RFP et son financement. La formation sera dispensée sous la forme d’une série de webinaires en 2021 et d’un accompagnement direct par des experts financiers spécialistes du développement de produits financiers. Le projet TRI à STP bénéficiera également d’un nouveau programme de l’Initiative financière du PNUE appelé The Restoration Factory, dans le cadre duquel les coopératives et entrepreneurs locaux recevront une formation ciblée et le soutien d’experts en finance pour élaborer des propositions d’investissement pour des initiatives de RFP et de gestion durable des forêts susceptibles de bénéficier d’un concours financier.

En ce qui concerne les politiques publiques, le projet TRI à STP soutient la Banque centrale du pays, laquelle a récemment lancé une «Stratégie d’inclusion financière» visant à faciliter un accès plus large aux services et produits financiers qui peuvent stimuler les investissements dans les entreprises durables. Le projet TRI à STP et son partenaire principal, la Direction des forêts et de la biodiversité, ont tous deux été reconnus par la Banque centrale comme des partenaires stratégiques et invités à participer à l’élaboration de la composante «Finance verte» de la Stratégie. Au cours des prochains mois, le projet s’associera avec la Banque centrale pour: (1) élaborer une politique de financement à un taux inférieur à celui du marché pour les «produits verts», dont le reboisement, la production et la transformation des produits forestiers, l’énergie, les déchets, et plus encore, à destination des particuliers et des micro et petites entreprises; (2) créer des produits et des services financiers adaptés aux activités qui sont écologiquement durables et qui contribuent à la stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques; et (3) améliorer le cadre politique et réglementaire dans le but de stimuler la création de start-ups dans les domaines des technologies propres et de la gestion durable des ressources naturelles.

Si le soutien politique en faveur de la RFP est fort, les défis restent considérables. Une enquête récente de la Banque centrale auprès des petits exploitants a révélé que 78 pour cent des personnes interrogées n’avaient pas un revenu suffisant pour pouvoir ouvrir un compte bancaire selon les règles actuelles. Or, à un moment où des investissements sont nécessaires pour renforcer la résilience des systèmes naturels face aux effets du changement climatique, ce dernier fait peser des risques et des contraintes supplémentaires sur ces mêmes investissements, créant ainsi un cercle vicieux qui empêche les investissements dans la RFP pourtant nécessaires, de se concrétiser.

Malgré ces défis, le climat des affaires pour le secteur agroforestier à STP est dynamique, et les demandes de crédit formulées par les opérateurs privés du secteur agroforestier sont nombreuses, en particulier parmi les micro, petites et moyennes entreprises qui ne peuvent accéder au crédit dans les conditions actuelles. En outre, les difficultés d’accès au financement et de mobilisation de fonds pour la RFP constatées à STP sont communes aux nombreuses régions du monde où les besoins de restauration sont les plus importants. Ainsi, le succès du projet à STP devrait avoir des répercussions bien au-delà des rivages de cette petite nation insulaire d’Afrique de l’Ouest.


Story from The Restoration Initiative Year in Review 2020