Communiqué de presse | 02 Nov, 2009

La crise de l’extinction gagne encore du terrain – UICN

Selon la dernière mise à jour de la Liste rouge des espèces menacéesTM de l’UICN, 17 291 espèces sur les 47 677 espèces répertoriées sont menacées d’extinction.

content hero image

Photo: Tim Herman

Les résultats révèlent que 21 pour cent de tous les mammifères connus, 30 pour cent de tous les amphibiens connus, 12 pour cent de tous les oiseaux, 28 pour cent des reptiles, 37 pour cent des poissons d’eau douce, 70 pour cent des plantes, 35 pour cent des invertébrés répertoriés à ce jour sont menacés.

“Les preuves s’accumulent sur la sévérité de la crise d’extinction que nous traversons” affirme Jane Smart, directrice du Groupe pour la conservation de la biodiversité de l’UICN. “En janvier commencera l’Année internationale de la biodiversité. Selon les dernières analyses de la Liste rouge de l’UICN, il sera impossible d’enrayer la perte de la biodiversité en 2010, comme le prévoyait notre objectif. Il est temps que les gouvernements commencent sérieusement à oeuvrer à la protection des espèces et que ce sujet brûlant figure parmi leurs priorités l’année prochaine, car le temps presse.”

Sur les 5 490 mammifères répertoriés dans le monde, 79 sont ‘Éteints’ ou ‘Éteints à l’état sauvage’, 188 sont ‘En danger critique d’extinction’, 449 sont ‘En danger’ et 505 ‘Vulnérables’. Pour la première fois, le rongeur voalavo (Voalavo antsahabensis) apparaît sur la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées, dans la catégorie ‘En danger’. Ce rongeur endémique à Madagascar est confiné dans les forêts tropicales de montagne et est menacé par la pratique de la culture sur brûlis.

On dénombre maintenant 1 677 reptiles sur la Liste rouge de l’UICN, dont 293 ont été ajoutés cette année. Au total, 469 sont menacés d’extinction et 22 sont déjà ‘Éteints’ ou ‘Éteints à l’état sauvage’. Les 165 espèces endémiques aux Philippines qui viennent d’apparaître sur la Liste rouge de l’UICN incluent le varan de Panay (Varanus mabitang), considéré comme ‘En danger’. Ce varan extrêmement localisé est doublement menacé, par la perte de son habitat du fait de l’agriculture et de l’exploitation forestière, et par les humains qui le chassent pour sa chair. L’hydrosaure des Philippines (Hydrosaurus pustulatus) fait son apparition dans la catégorie ‘Vulnérable’ et est également menacé par la perte de son habitat. Ses petits sont chassés intensivement pour le commerce d’animaux de compagnie et la consommation locale.

“Les reptiles de la planète sont sans aucun doute en mauvaise posture, mais il est possible que la situation actuelle soit bien pire qu’elle n’y paraisse” affirme Simon Stuart, Président de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN. “Nous avons besoin d’une évaluation portant sur tous les reptiles pour saisir la sévérité de la situation, mais il nous manque les 2 ou 3 millions de dollars nécessaires”.

La Liste rouge de l’UICN révèle que parmi les 6 285 amphibiens que compte la planète, 1 895 sont en danger d’extinction, ce qui en fait le groupe le plus menacé à ce jour. Parmi eux, 39 sont déjà ‘Éteints’ ou ‘Éteints à l’état sauvage’, 484 sont ’En danger critique d’extinction’, 754 sont ‘En danger’ et 657 sont ‘Vulnérables’.

Le crapaud de jet de Kihansi (Nectophrynoides asperginis) est passé du statut de ‘En danger critique d’extinction’ à ‘Éteint à l’état sauvage’. Cette espèce, localisée uniquement dans les chutes du Kihansi en Tanzanie, était autrefois nombreuse, avec une population d’au moins 17 000 membres. Son déclin est dû à la construction d’un barrage en amont des chutes du Kihansi, qui a dévié 90 pour cent du débit original d’eau de la gorge. Enfin, la chytridiomycose, une maladie fongique, est probablement responsable de l’achèvement définitif de la population de crapauds dans la région.

C’est également une maladie fongique qui a touché l’Ecnomiohyla rabborum qui entre dans la Liste rouge dans la catégorie ‘En danger critique d’extinction’. On ne la trouve qu’au centre du Panama. En 2006, on a signalé la présence du chytride, une maladie fongique (Batrachochytrium dendrobatidis) dans son habitat, et depuis, seul un unique mâle semble donner des signes de vie. Ces espèces ont été recueillies pour être élevées en captivité mais pour l’instant, tous les efforts ont échoué.

Sur les 12 151 plantes dénombrées dans la Liste rouge de l’UICN, 8 500 sont menacées d’extinction, parmi lesquelles 114 sont déjà ‘Éteintes’ ou ‘Éteintes à l’état sauvage’. La classification de la Reine des Andes (Puya raimondii) a été réévaluée et elle demeure dans la catégorie ‘En danger’. Présent dans les Andes au Pérou et en Bolivie, cette plante ne produit des semences qu’une fois en 80 ans, avant de mourir. Le changement climatique empêche déjà probablement sa capacité à fleurir ; en outre le bétail qui se déplace librement piétine ou mange les jeunes plantes.

On dénombre cette année 7 615 invertébrés sur la Liste rouge de l’UICN, parmi lesquels 2 639 sont menacés d’extinction. Les scientifiques ont ajouté 1 360 espèces de libellules et demoiselles, ce qui porte donc leur nombre à 1 989, dont 261 sont menacés. La libellule géante (Chlorocypha centripunctata), que l’on trouve dans le sud-est du Nigeria et le sud-ouest du Cameroun, est considérée comme ‘Vulnérable’ et est menacée par la destruction des forêts.

Les scientifiques ont également ajouté 94 mollusques, ce qui porte le total des mollusques évalués à 2 306, parmi lesquels 1 036 sont menacés. Les sept escargots d’eau douce du lac Dianchi, dans la province de Yunnan en Chine, viennent d’intégrer la Liste rouge de l’UICN et sont tous menacés. Ils rejoignent les 13 poissons d’eau douce de la même région, parmi lesquels 12 sont menacés. Les principales causes en sont la pollution, l’introduction de nouvelles espèces de poissons et la pêche excessive.

La Liste rouge de l’UICN dénombre maintenant 3 120 poissons d’eau douce, 510 de plus que l’année dernière. Il reste encore beaucoup à faire pour connaître le statut de tous les poissons d’eau douce du monde, néanmoins 1 147 parmi ceux évalués jusqu’à présent sont menacés d’extinction. Le poisson garde-boue (Neochanna apoda), visible uniquement en Nouvelle Zélande, est passé de la catégorie ‘Quasi menacé’ à ‘Vulnérable’ car il a disparu de nombreux endroits où on pouvait le trouver. Environ 85-90 pour cent des zones humides de Nouvelle Zélande ont été perdues ou dégradées du fait des plans d’assèchement, du développement de l’irrigation et des terres cultivables.

“Les espèces vivant en eau douce ont pendant longtemps été négligées. Cette année, nous en avons de nouveau ajouté un grand nombre à la Liste Rouge de l’UICN, et confirmons la menace élevée qui pèse sur de nombreux animaux et plantes d’eau douce. Cela reflète bien l’état de nos ressources en eau, dont la valeur est pourtant immense. Il nous faut donc maintenant poursuivre nos efforts de toute urgence, mais le plus important est de se servir de cette information disponible pour utiliser plus raisonnablement les ressources en eau”
déclare Jean-Christophe Vié, Directeur adjoint du Programme espèces de l’UICN.

“Cette année, la Liste rouge de l’UICN impose le respect” affirme Craig Hilton-Taylor, Directeur du Bureau de l’UICN pour la Liste rouge. “Ces résultats ne représentent que le sommet de l’iceberg. Nous n’avons évalué pour l’instant que 47 663 espèces, alors qu’il en existe encore des millions qui sont peut-être sérieusement menacées. Cependant, nous savons par expérience que l’action en faveur de la conservation porte ses fruits, aussi il est important de ne pas attendre qu’il soit trop tard et de commencer à préserver nos espèces maintenant”.

Le statut de l’ombre d’Australie (Prototroctes maraena), un poisson d’eau douce, s’est amélioré grâce aux efforts faits en faveur de sa conservation. Il est maintenant considéré comme ‘Presque menacé’, alors qu’il était auparavant ‘Vulnérable’, et sa population a augmenté grâce aux échelles à poissons construites sur les barrages pour permettre la migration, au retour de la végétation sur les berges des rivières, et à la sensibilisation des pêcheurs, qui reçoivent maintenant une grosse amende s’ils sont appréhendés avec cette espèce.

Pour plus d’informations, vous pouvez vous rendre sur le site : www.iucnredlist.org.

Notes aux rédacteurs

Vous pouvez télécharger la dernière édition de la Liste rouge de l’UICN, “La vie sauvage dans un monde en mutation : analyse de la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées 2008” en cliquant sur le lien suivant :
https://www.iucn.org/about/work/programmes/species/red_list/review/

Des photos sont disponibles ici : sarah.horsley@iucn.org

Vous trouverez plus d’informations sur les espèces mentionnées dans ce communiqué de presse, et d’autres études de cas ici :
https://www.iucn.org/downloads/more_facts_on_amphibians_1_.pdf
https://www.iucn.org/downloads/more_facts_on_freshwater_fish.pdf  
https://www.iucn.org/downloads/more_facts_on_mammals.pdf
https://www.iucn.org/downloads/more_facts_on_molluscs_1_.pdf
https://www.iucn.org/downloads/more_facts_on_odonata.pdf
https://www.iucn.org/downloads/more_facts_on_plants.pdf 
https://www.iucn.org/downloads/more_facts_on_reptiles_1.pdf

Récapitulatif des chiffres pour la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées 2009 :
Total espèces évaluées = 47 677
Total Éteint ou Éteint à l’état sauvage = 875 (2%) [Éteint = 809; Éteint à l’état sauvage = 66]
Total Menacé = 17 291 (36%) [En danger critique d’extinction = 3 325; En danger = 4 891; Vulnérable = 9 075]
Total Quasi menacé = 3 650 (8%)
Total Faible risque/dépendant de mesures de conservation = 281 (<1%) [cette ancienne catégorie est progressivement retirée de la Liste rouge]
Total Insuffisamment documenté = 6 557 (14%)
Total Préoccupation mineure = 19 023 (40%)

Récapitulatif des chiffres pour la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées 2008 :

Total espèces évaluées = 44,838
Total Éteint ou Éteint à l’état sauvage = 869 (2%) [Éteint = 804 ; Éteint à l’état sauvage = 65]
Total Menacé = 16 928 (38%) [En danger critique d’extinction = 3 246; En danger = 4 770; Vulnérable = 8 912]
Total Quasi menacé = 3 513 (8%)
Total Faible risque/dépendant de mesures de conservation = 283 (<1%) [cette ancienne catégorie est progressivement retirée de la Liste rouge]
Total Insuffisamment documenté = 5,570 (12%)
Total Préoccupation mineure = 17 675 (39%)

NB: Toutes les espèces répertoriées sur la Liste rouge de l’UICN ne sont pas menacées. Il y a maintenant plus d’espèces sur la Liste rouge de l’UICN, en conséquence, le pourcentage global d’espèces menacées a diminué de 2 pour cent. Cela ne signifie pas que le statut de la biodiversité mondiale s’améliore : c’est que plus d’espèces ont été évaluées. Par le passé, les évaluations de la Liste rouge se concentraient la plupart du temps sur des espèces déjà connues pour être menacées, mais avec le développement de la Liste rouge et l’inclusion d’évaluations plus complètes sur des groupes entiers, nous avons maintenant une meilleure idée de la part relative que représentent les espèces menacées par rapport aux espèces non menacées.


Pour plus d’informations ou des entretiens, veuillez contacter :

  • Sarah Horsley, Chargée des relations avec la presse, téléphone +41 22 999 0127 ; télécopie +41 79 528 3486 ; courriel sarah.horsley@iucn.org
  • Lynne Labanne, Programme de l’UICN sur les espèces, téléphone +41 22 999 0153 ; télécopie +41 79 527 7221 ; courriel lynne.labanne@iucn.org

À propos de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)

L’Union internationale pour conservation de la nature (UICN) aide le monde à trouver des solutions pragmatiques aux défis de l’environnement et du développement les plus pressants.

L’UICN travaille sur la biodiversité, le changement climatique, l’énergie, les moyens d’existence des hommes; elle met l’accent sur l’économie verte en encourageant la recherche scientifique et les projets sur le terrain dans le monde entier et elle rassemble les gouvernements, les ONG, les Nations Unies et les entreprises afin de mettre sur pied des politiques, des lois et des meilleures pratiques.

L’UICN est la plus vaste et la plus ancienne organisation mondiale de protection de l’environnement, rassemblant plus de 1000 gouvernements et ONG, et près de 11 000 experts bénévoles répartis dans près de 160 pays. Elle s’appuie sur un secrétariat de plus de 1000 personnes dans 60 bureaux et des centaines de partenaires du secteur privé et public et des ONG du monde entier.

www.iucn.org


À propos de la Liste rouge de l’UICN des espèces menacéesTM

La Liste rouge de l’UICN des espèces menacées (ou la Liste rouge de l’UICN) constitue la source d’information mondiale la plus complète sur l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle s’appuie sur une série de critères précis pour évaluer le risque d’extinction d’espèces si aucune mesure de conservation n’est prise.

Les espèces peuvent être classées dans l’une des huit catégories de menace, selon des critères liés aux tendances démographiques et à la taille, à la structure, et à la zone géographique de la population. Les espèces classées comme En danger critique d’extinction, En danger ou Vulnérable sont regroupées sous l’appellation ‘Menacées’.

La Liste rouge de l’UICN n’est pas qu’un inventaire d’espèces et leurs catégories de menaces associées. C’est une vaste source d’information sur les menaces pesant sur les espèces, leurs exigences écologiques, leurs habitats, et les actions en faveur de leur conservation pouvant être prises pour réduire ou empêcher leur extinction.

www.iucnredlist.org  

À propos de la Commission de la sauvegarde des espèces et le Programme sur les espèces de l’UICN

La Commission de la sauvegarde des espèces (CSE) est la plus importante des six commissions bénévoles de l’UICN, et compte 7 000 membres experts. La Commission conseille l’UICN et ses membres sur les aspects scientifiques et techniques de la conservation des espèces et son objectif est de garantir un futur durable pour la biodiversité. La Commission contribue activement aux accords internationaux portant sur la conservation de la biodiversité.

Le Programme sur les espèces de l’UICN soutient les activités de la Commission de la sauvegarde des espèces et les groupes individuels de spécialistes, et met en oeuvre les initiatives globales pour la conservation des espèces. Elle fait partie intégrante du Secrétariat de l’UICN et est gérée depuis le siège international de l’UICN à Gland, en Suisse. Le Programme sur les espèces inclut plusieurs unités techniques qui couvrent le commerce et l’utilisation des espèces, le Bureau pour la Liste rouge, l’Unité pour les évaluations de la biodiversité des eaux douces (tous basés à Cambridge, Royaume-Uni), et l’Unité d’évaluation mondiale de la biodiversité (basée à Washington DC, États-Unis).

www.iucn.org/ssc