Biologie de synthèse et conservation de la nature

L'UICN et ses Membres entament le développement d'une politique sur les implications de la biologie de synthèse dans la conservation de la nature. Les progrès technologiques récents dans le domaine de la biologie de synthèse créent à la fois des risques importants et des opportunités significatives pour la conservation de la nature, ainsi que des défis dans la création d'une politique significative et cohérente pour guider ses applications potentielles. L'UICN suit donc un processus rigoureux pour faire participer ses organisations membres et ses experts à l'élaboration de sa politique.

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Risques et opportunités de l'utilisation de la biologie de synthèse dans la conservation de la nature

La Convention sur la diversité biologique définit la biologie de synthèse comme "un nouveau développement et une nouvelle dimension de la biotechnologie moderne qui associe la science, la technologie et l'ingénierie pour faciliter et accélérer la compréhension, la conception, la reconception, la fabrication et/ou la modification des matériaux génétiques, des organismes vivants et des systèmes biologiques".

Ce point est important pour la conservation de la nature.

D'une part, la biologie synthétique pourrait imposer de nouveaux risques pour la nature. Mal mise en œuvre ou mal gérée, elle pourrait, par exemple, introduire une pollution génétique dans les espèces indigènes, mettant en péril leur persistance. D'autres risques pourraient être indirects, comme l'utilisation de la biologie de synthèse pour ouvrir de nouvelles frontières agricoles, menaçant la biodiversité par la conversion des terres.

D'autre part, la biologie de synthèse pourrait ouvrir de nouvelles possibilités pour la conservation de la nature. Par exemple, elle pourrait offrir des solutions à des menaces actuellement insolubles pour la biodiversité, telles que celles causées par les espèces exotiques envahissantes et les maladies. Ces opportunités pourraient également être indirectes, peut-être en permettant une intensification durable de l'agriculture et en réduisant ainsi la pression sur les écosystèmes naturels ailleurs.

 

Défis liés à l'élaboration d'une politique sur la biologie de synthèse et la nature.

L'élaboration d'une politique cohérente de conservation de la nature en matière de biologie de synthèse est un défi pour de multiples raisons. La technologie se développe extrêmement rapidement. La collaboration entre les pays est essentielle, tout comme la collaboration entre les différents niveaux de gouvernance, depuis les populations autochtones et les communautés locales jusqu'aux accords environnementaux multilatéraux. Le sujet est complexe et les idées fausses sont légion. Le plus difficile est peut-être que la question est fortement polarisée au sein de la communauté de la conservation (et de la société dans son ensemble), avec une faible proportion de défenseurs de la nature fortement opposés ou favorables à la technologie, et de nombreuses personnes qui ne savent pas encore quelles seraient les meilleures politiques.

 

Le processus suivi à ce jour par l'UICN pour élaborer sa politique en matière de biologie de synthèse et de conservation de la nature.

Lors du Congrès mondial de la nature de l'UICN, qui s'est tenu à Hawaï, aux États-Unis, en septembre 2016, les membres de l'UICN ont adopté la résolution WCC 2016 Res 086. Cette résolution a mandaté l'élaboration et la publication d'une évaluation sur la biologie de synthèse et la conservation de la biodiversité, sous l'autorité des présidents des six commissions d'experts indépendants de l'UICN, et de la directrice générale de l'UICN.

Cette évaluation a été publiée en 2019 sous le titre “Genetic Frontiers for Conservation”, accompagnée d'une "Synthèse et messages clés" à l'intention des décideurs politiques.

Sur cette base, le Congrès mondial de la nature de l'UICN, qui s'est tenu à Marseille, en France, en septembre 2021, a adopté la résolution WCC 2020 Res 123, établissant un processus d'élaboration d'une politique de l'UICN, comprenant à la fois un processus inclusif à travers l'Union et la nomination d'un groupe de travail sur l'élaboration de la politique.

Le Conseil de l'UICN a délibéré sur cette résolution lors de la première partie de sa 108e réunion, en ligne en novembre 2022. Sa décision C108/2 a approuvé à la fois un processus détaillé pour la mise en œuvre de la Résolution, et des termes de référence pour les organes spécifiques à impliquer.

Le Conseil de l'UICN a de nouveau discuté du processus lors de sa 109e réunion à Gland, en Suisse, en mai 2022, et sa décision C109/8 a approuvé un processus révisé pour la mise en œuvre de la Résolution et des mandats révisés pour les organes spécifiques concernés. Cette documentation ajoute des spécifications au processus inclusif (y compris afin qu'il incorpore une « assemblée citoyenne » établie par sélection aléatoire stratifiée parmi les Membres de l'UICN) et au Groupe de travail pour l'élaboration de la politique, tels que prévus. Il établit également le processus d'appel à candidatures pour le Groupe de travail pour l'élaboration de la politique (actuellement ouvert aux Membres et membres des Commissions de l'UICN ; date limite également le 21 juillet 2023), l'appel à informations (actuellement ouvert aux Membres et membres des Commissions de l'UICN ; date limite 1er septembre 2023), et la sélection des formateurs et facilitateurs par le biais du processus d’adjudication de l’UICN (Appel à propositions publié; date limite 21 juillet 2023).

 

Financement pour le développement de la politique de l'UICN sur la biologie de synthèse et la conservation de la nature

Le Conseil de l'UICN a approuvé une demande de soutien financier pour la mise en œuvre de la Résolution, envoyée par le Directeur général de l'UICN aux membres gouvernementaux de l'UICN et aux fondations philanthropiques. Cette mobilisation de ressources déclenchera la mise en œuvre de l'élaboration de la politique, dans l'espoir qu'un projet de politique de l'UICN sur la biologie de synthèse et la conservation de la nature soit prêt à être examiné par les membres de l'UICN lors du Congrès mondial de la nature de 2025.

Il est important de noter que l'UICN ne s'adresse pas au secteur privé ni aux organisations de campagne pour obtenir un soutien financier, afin de réduire tout risque de conflit d'intérêt perçu.