Article | 16 Aoû, 2022

Les filières coton, cultures vivrières et exploitation forestière mobilisées pour la biodiversité au Bénin

Au Bénin, lorsque le projet BIODEV2030 a démarré en avril 2021, les acteurs du secteur privé étaient encore peu sensibilisés à leurs impacts sur la biodiversité. Après 16 mois de mise en œuvre par l'UICN PACO avec l'ONG Eco-Bénin, et plusieurs ateliers de sensibilisation, les enjeux de conservation sont désormais mieux compris par les acteurs des secteurs du coton, du soja, du riz et de l’exploitation forestière, qui ont été identifiés comme prioritaires pour la biodiversité et le développement dans le pays. Cette compréhension est essentielle pour les acteurs des secteurs avant qu'ils ne se réunissent en septembre pour envisager de prendre des engagements volontaires en faveur de la biodiversité.

Les forêts, mangroves, forêts claires et savanes boisées du Bénin constituent d’importants réservoirs d’espèces de faune et de flore.  L’étude d’évaluation et hiérarchisation des menaces pesant sur la biodiversité et les écosystèmes, réalisée en première phase du projet BIODEV2030 par le Laboratoire d’Ecologie Appliquée de l’Université d’Abomey-Calavi, a cependant confirmé le rythme élevé de leur dégradation. Elle a aussi identifié les secteurs clés à l’origine de cette importante perte d’habitat pour les espèces : l’agriculture et l’aquaculture (filières du coton et des cultures vivrières en particulier), l’utilisation des ressources biologiques (exploitation du bois en particulier), mais aussi le développement résidentiel et commercial.

Au regard des résultats de cette étude, partagés et discutés en atelier national en août 2021, l’équipe du projet a mis en place un dispositif original, propre au Bénin, pour mieux sensibiliser les acteurs aux enjeux et les préparer à la phase de dialogue du projet :

  • des missions de concertation ont été conduites sur toute l’étendue du territoire national pour échanger avec les acteurs prioritaires des secteurs de l’agriculture et de l’exploitation forestière de septembre à décembre 2021. Elles ont permis de mieux comprendre les pratiques des acteurs ;
  • deux « cafés biodiversité », l’un conduit avec les filières sylvicoles, l’autre avec les filières agricoles, ont permis aux acteurs de mieux comprendre leur dépendance à la biodiversité et les opportunités de la conservation. Co-organisés par Eco-Bénin et le Programme Business d’UICN-PACO, ces sessions conviviales et participatives, organisés sur le modèle des world cafés, ont mobilisé une soixantaine d’acteurs issus des filières, des cadres de l’administration, des organisations de la société civile et des chercheurs. Les cafés biodiversité ont été l’occasion d’échanger sur les notions clés liées à la thématique Biodiversité afin de préparer les phases de dialogue devant mener à la prise d’engagement en faveur de la biodiversité.
  • un atelier de formation et sensibilisation des journalistes béninois a également été organisé fin juin 2022. L’atelier a réuni une trentaine d’hommes et femmes des médias issus de plus d’une vingtaine d’organes de presse du Bénin, avec pour objectif de les outiller et sensibiliser à mieux informer et mobiliser les populations, le secteur privé et les décideurs sur les problèmes majeurs de la biodiversité.

Prochaines étapes :

Les conclusions de l’étude des filières prioritaires (coton, soja, riz ; bois d’œuvre, sylviculture) seront présentées lors d’un atelier fin août ou courant septembre 2022. Ces conclusions permettront aux acteurs de discuter du niveau d’ambition nécessaire pour stopper la perte de biodiversité au Bénin et des scenarios d’engagements volontaires à envisager.

Ce premier atelier devra être suivi d’ateliers sectoriels d’ici fin novembre, pour discuter plus en détail des bonnes pratiques et des mesures facilitatrices qu’il conviendra de mettre en place, assortis de plans d’actions pour concilier développement économique et protection de la biodiversité.