Article | 17 Nov, 2021

The Restoration Initiative: Une histoire de Cameroun

La restauration communautaire dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun

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Photo: Fogoh John Muafor / TRI Cameroon.

Dans le village d’Aissa Hardé, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, Mamma Salamatou s’occupe des rangées de petits plants emballés dans des sacs en plastique qui poussent sous des auvents – protection contre le soleil brûlant qui dévore ce paysage de prairies et d’arbres pendant une grande partie de l’année. Elle est l’un des nombreux membres de la communauté à s’être associé au le projet TRI de restauration au Cameroun, et elle est aussi une pionnière. Dans cette région largement conservatrice du Cameroun, il est rare que les femmes assument un travail et des responsabilités en dehors du foyer. Mamma Salamatou a été la première femme à rejoindre le groupe d’initiative commune (GIC) de Madadakouda, qui fait office de conseil d’administration local pour la communauté, et elle a joué un rôle clé en encourageant d’autres femmes de son village à participer aux travaux de restauration soutenus par le GIC et le projet TRI.

Son histoire illustre les difficultés rencontrées par les habitants de cette région rurale pauvre du Cameroun, et en particulier par les femmes. Veuve et mère de trois jeunes enfants, elle n’a pas le droit légal de posséder des terres; elle est plutôt considérée comme la gardienne des terres qui appartenaient à son mari décédé, jusqu’à ce qu’elles puissent être transmises à ses deux enfants de sexe masculin. En outre, la terre qu’elle exploite, comme la plupart des terres agricoles de cette région du Cameroun, n’est pas aussi productive que par le passé – conséquence de l’agriculture et du pâturage intensifs, associés à de longues périodes de sécheresse, sûrement exacerbées par les changements climatiques. Comme si ces difficultés ne suffisaient pas, les insurgés du groupe Boko Haram ont lancé des attaques transfrontalières contre des civils du nord-est du Nigéria, et la situation reste volatile avec les forces militaires postées à proximité.

C’est dans ce contexte que le projet TRI au Cameroun a collaboré avec quatre villages de cette région sur un certain nombre d’initiatives en faveur de la restauration, et il est prévu d’élargir le projet à d’autres villages partenaires en 2021. Le projet aide ces villages à mettre en œuvre des systèmes de culture agroforestiers qui favorisent la restauration ainsi que des plantations durables de bambous à croissance rapide, de margousiers (Azadirachta idica) et d’autres essences. La composante de soutien du projet comprend des formations sur l’établissement et la gestion de pépinières et de plantations, la planification et la mise en place de systèmes agroforestiers, le transport des semis, ainsi qu’une aide directe pour la fourniture de semis et d’autre matériel.

 

À ce jour, trois pépinières pour la propagation de jeunes plants ont été établies avec le soutien apporté par le projet dans la région, celle du village d’Aissa Hardé étant la plus importante. Le bambou est un élément clé du projet. Le Réseau international pour le bambou et le rotin (INBAR), apporte son concours à la promotion du bambou comme source d’énergie et comme matériau de construction à croissance rapide. Il est escompté que le bambou pourra réduire la pression exercée sur les arbres et les zones naturelles à croissance plus lente et offrir d’autres avantages. En outre, les margousiers – la deuxième essence la plus propagée à la pépinière – sont appréciés à la fois pour le bois et les autres produits qui en sont tirés, comme les médicaments préparés à partir des feuilles et de l’huile extraite des graines. L’agence de développement du Gouvernement allemand, GIZ, investit dans un projet dans la région visant à développer le potentiel commercial de l’huile de neem (autre nom du margousier), ce qui pourrait ouvrir des perspectives de collaboration avec le projet TRI au Cameroun.

Malgré la pandémie de Covid, le projet a réussi à restaurer 25 hectares de terres dégradées dans la région, avec notamment plus de 10 000 plants, et des préparatifs sont en cours pour étendre les plantations en 2021, à temps pour la saison des pluies de trois mois qui commence en juillet.

Comme le dit Mamma Salamatou, «Je suis heureuse de savoir que nous travaillons pour restaurer la fertilité de nos terres, et de montrer par nos efforts que les femmes ont un rôle important à jouer.»


This story is from TRI Year in Review 2020