Communiqué de presse | 17 Oct, 2012

Les palmiers de Madagascar proches de l’extinction

Hyderabad, Inde  – D’après la dernière mise à jour de la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN™, publiée aujourd’hui par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 83% des palmiers de Madagascar sont menacés d’extinction, ce qui met également en danger les moyens de subsistance des populations locales. Cette mise à jour de la Liste comprend 65,518 espèces, dont 20,219 sont menacées d’extinction.

L’évaluation du statut des palmiers de Madagascar a été menée par le Groupe de spécialistes des palmiers de la Commission de la sauvegarde des espèces (CSE), dans le cadre d’une évaluation de tous les palmiers. Les conclusions ont également tenu compte d’études effectuées par les Jardins botaniques royaux de Kew, un partenaire de la Liste rouge.

« Les chiffres relatifs aux palmiers de Madagascar sont vraiment terrifiants, en particulier parce que la perte des palmiers porte atteinte à la biodiversité exceptionnelle de l’île mais aussi à sa population»,
dit Jane Smart, Directrice mondiale du Groupe de conservation de la biodiversité de l’UICN. « On ne peut pas fermer les yeux devant une telle situation. »

Les palmiers font partie de la diversité biologique de Madagascar et les 192 espèces étudiées ne se trouvent nulle part ailleurs. Elles fournissent des ressources vitales, notamment des cœurs de palmier comestibles et des matériaux de construction, à certaines des populations les plus pauvres de l’île. La destruction de leurs habitats et la cueillette des cœurs de palmier sont des menaces importantes qui compromettent la survie de ces espèces.

« La plupart des palmiers de Madagascar poussent dans les forêts humides de l’est de l’île, qui sont déjà réduites à un quart de leur étendue d’origine et continuent de disparaître » dit William Baker, Président du Groupe de spécialistes des palmiers de la CSE et Directeur des recherches sur les palmiers aux Jardins botaniques royaux de Kew. «Le taux élevé d’extinction des palmiers malgaches reflète le déclin de ces forêts, qui met en danger la remarquable richesse d’espèces sauvages qui s’y trouve ».

Les populations d’un grand nombre d’espèces de palmiers sont en danger en raison du défrichage des terres pour l’agriculture et de l’exploitation des forêts.

Ravenea delicatula (en danger critique d’extinction) ne se trouve que sur un seul site, mais celui-ci n’est pas protégé et il est menacé par le défrichage de la forêt par les populations locales, en vue de la culture du riz de montagne, ainsi que par la prospection minière à la recherche de minéraux et de pierres précieuses, notamment de rubis.

Le Tahina ou « palmier suicidaire » (Tahina spectabilis), récemment découvert, figure pour la première fois sur la Liste rouge de l’UICN. Il s’agit d’un géant pouvant atteindre 18 mètres, visible même sur Google Earth. Quelques mois après la floraison et la production de graines, l’arbre meurt. Avec pas plus de 30 individus adultes à l’état naturel, l’espèce est classée « en danger critique d’extinction » ; une partie importante de son habitat a disparu pour laisser sa place à l’agriculture.

Dypsis brittiana n’a été répertorié que dans un seul site, le parc naturel de Makira créé récemment. Bien que le site soit protégé, l’espèce peut être déjà éteinte en raison de la dégradation de son habitat. Aucun arbre n’a été trouvé en 2007, raison pour laquelle l’espèce a été classée « en danger critique d’extinction ». Des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer son statut.

La cueillette des graines menace également certaines espèces.

Dypsis tokoravina (en danger critique d’extinction) est ciblé par des collecteurs de grains qui abattent l’arbre. Moins de 30 arbres survivraient à l’état naturel. Le Palmier majestueux (Ravenea rivularis) est une autre espèce appréciée par les horticulteurs sur le plan international. Son statut est passé de « vulnérable » à « en danger » en raison d’une diminution constante du nombre de palmiers adultes, du déclin de l’étendue et de la qualité de son habitat et de la cueillette de ses graines, qui se poursuit malgré une réglementation stricte du commerce.

« Le réseau national d’aires protégées, géré par les Parcs Nationaux du Madagascar, protège certaines espèces de palmiers malgaches, mais pas toutes, loin de là », dit Russell Mittermeier, Président de Conservation International et Président du Groupe de spécialistes des primates de la CSE. « Pour sauver les palmiers de Madagascar et la biodiversité en général, il est essentiel d’établir une collaboration aussi étroite que possible avec les communautés locales, notamment pendant cette période de grave instabilité politique pendant laquelle l’action des organismes gouvernementaux est très perturbée. Malheureusement, à Madagascar, ce degré très élevé de danger ne s’applique pas exclusivement aux palmiers ».

Cette évaluation du statut des palmiers de Madagascar fournit aux écologistes une base solide pour entreprendre des actions directes sur le terrain.

Une bonne gestion de la cueillette des graines et la protection des habitats peuvent permettre de sauvegarder certaines espèces. Les Jardins botaniques royaux de Kew ont lancé plusieurs projets de conservation pour protéger certaines des espèces les plus emblématiques de palmiers de Madagascar. Un projet encourage les populations locales à protéger le palmier Manambe (Dypsis decipiens) classé « vulnérable», et Dypsis ambositrae (en danger critique d’extinction) dans l’aire protégée proposée d’Itremo. Pour le palmier suicidaire, l’ensemble du secteur de l’horticulture est appelé à se mobiliser pour le protéger. Avec l’aide de la banque nationale de semences de Madagascar, des graines cueillies de façon durable sont vendues par le biais d’un grainetier commercial. Les recettes reviennent à la population locale, qui les utilise pour rénover des bâtiments et améliorer la productivité des cultures vivrières.

« Si certaines espèces de palmiers peuvent répondre à des actions ciblées de conservation, la sauvegarde des palmiers de Madagascar sur le long terme nécessite des efforts à grande échelle », dit Jane Smart. « Madagascar a fait de grands progrès dans la préservation de sa faune et de sa flore exceptionnelles en classant 10% de l’île en aires protégées. Il est cependant nécessaire de faire des efforts susceptibles de changer la donne, afin de protéger les habitats rémanents et de créer davantage d’aires protégées, conformément aux objectifs d’Aichi de sauvetage de la biodiversité sur le plan mondial, en faveur desquels un grand nombre de gouvernements se sont engagés en 2010. »

Quotes from IUCN Red List partner organizations

“As with Madagascar’s palms, each threatened species has unique adaptations, and forms a thread in the ecological fabric – often they also have direct significance for peoples’ livelihoods. This case shows clearly why greater investment is needed for threatened species conservation,” says Dr Leon Bennun, BirdLife International’s Director of Science, Policy and Information.

“We will continue to see entire groups of species threatened with extinction if governments continue to get away with investing a pittance in conservation and avoiding national or international commitments that ensure the protection of all species,” says Prof Jonathan Baillie, Director of Conservation Programmes at ZSL. “We need real commitments from governments, associated with binding legislation and sufficient funds to ensure effective implementation.”

“The precarious status of palm species in Madagascar also underscores the urgent need to assess the status of more than 500 species of palms in the Western Hemisphere, fewer than 10% of which have been evaluated so far. NatureServe, having led assessment for more than 30,000 species of plants in the Americas to date, is excited to help address this challenge,” says Mary Klein, President and CEO of NatureServe.

“It is tragic to witness the decline of Madagascar’s unique flora. There are conservation solutions for plants and we must act now,” says Sara Oldfield, Secretary General, Botanical Gardens Conservation International, BGCI “The IUCN Red List is an essential first step in the conservation process, identifying which plants and animals most need assistance to guarantee their future.”

“The most recent IUCN Red List update, focused on the palms of Madagascar, highlights the relevance of The IUCN Red List to country-level conservation efforts,” says Dr Thomas Lacher, Jr Professor, Texas A&M University. “This assessment will guide conservation efforts in Madagascar to target appropriate agency and community-level conservation actions that will both conserve the biodiversity of Madagascar and provide sustainable use options to the communities that depend upon these resources.”

“This announcement highlights why The IUCN Red List is so essential. It is through The IUCN Red List that the world becomes aware of pending ecological catastrophes – like the case of Madagascar’s Palms,” says Lucas Joppa, Conservation Scientist at Microsoft Research. “The vigilant work of IUCN, SSC, and their partners is essential to identify critical problems and enact effective interventions. As Madagascar’s plight so plainly shows, this isn’t just about biodiversity: it is about people’s livelihoods. Ignoring this finding is simply not an option.”

Pour plus d’informations ou pour des interviews, veuillez contacter:
Ewa Magiera, tél. +41 22 999 0346 mobile +41 79 856 76 26, ewa.magiera@iucn.org
Lynne Labanne, responsable de la Communication, Programme des espèces, UICN, tél. +41 22 999 0153, mobile +41 79 527 7221, lynne.labanne@iucn.org
Camellia Williams, Programme des espèces de l’UICN, Communication, tél. +41 22 999 0154, camellia.williams@iucn.org