Communiqué de presse | 15 Fév, 2013

Près d’un reptile sur cinq lutte pour la survie

On estime que 19% des reptiles de la planète sont menacés d’extinction, d’après un document publié aujourd’hui par la Société zoologique de Londres (ZSL) en collaboration avec des experts de la Commission de la sauvegarde des espèces (CSE) de l’UICN.

L’étude, publiée dans la revue Biological Conservation, est la première en son genre à présenter l’état de conservation des reptiles dans le monde. Plus de 200 experts de renommée mondiale ont évalué le risque d’extinction de 1500 reptiles de toutes les régions du monde sélectionnés aléatoirement.

Sur 19% de reptiles menacés d’extinction, 12% sont classés dans la catégorie En danger critique d’extinction, 41% En danger et 47% Vulnérable.

« Il s’agit d’une avancée très importante pour évaluer le statut de conservation des reptiles dans le monde entier », dit Philip Bowles, Coordinateur de l’Autorité de la Liste rouge pour les sauriens et les ophidiens de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN. « Les résultats de l’étude sonnent l’alarme sur l’état de ces espèces et les menaces croissantes auxquelles elles sont confrontées. Il est essentiel de répondre en priorité à ces menaces, notamment la destruction des habitats et la surexploitation, pour réussir à inverser le déclin de ces espèces. »

Trois espèces classées En danger critique d’extinction pourraient être déjà éteintes. L’une d’entre elles, le lézard coureur Ameiva vittata, n’a été observée que dans une région de la Bolivie. La menace est particulièrement forte dans les régions tropicales, surtout en raison de la conversion d’habitats naturels à des usages agricoles et de l’exploitation forestière. L’habitat du lézard est pratiquement détruit et deux missions récentes de recherche de l’espèce n’ont pas eu de succès.

« On associe souvent les reptiles à des habitats extrêmes et à des conditions environnementales très dures, et on suppose qu’ils s’en sortiront malgré les changements de la planète », dit Monika Böhm, auteur principale de l’étude. « Or, de nombreuses espèces sont très spécialisées quant à l’usage de leurs habitats et aux conditions climatiques dont elles ont besoin pour leur vie quotidienne. Elles sont donc particulièrement sensibles aux modifications de l’environnement ».

Le risque d’extinction n’est pas également réparti dans ce groupe très divers : les tortues d’eau douce sont particulièrement en danger, à l’instar de l’ensemble de la biodiversité d’eau douce partout dans le monde. Dans l’ensemble, l’étude estime que 30% des reptiles d’eau douce sont proches de l’extinction ; ce pourcentage atteint 50% pour les tortues, car elles sont aussi touchées par le commerce national et international.

Bien que les menaces soient moins graves pour les reptiles terrestres, leurs aires de répartition souvent restreintes, leur mobilité restreinte et les conditions biologiques et environnementales spécifiques dont ils ont besoin, les rendent particulièrement vulnérables à la pression anthropique. En Haïti, six des neuf espèces étudiées du lézard Anolis sont confrontées à un risque élevé d’extinction, en raison de la déforestation intensive du pays.

Regroupés sous le nom de « reptiles », les serpents, les lézards, les amphisbéniens (parfois appelés lézards-vers), les crocodiliens, les tortues terrestres et marines et les tuataras ou sphénodons (reptiles semblables aux lézards, endémiques de la Nouvelle-Zélande) ont une histoire longue et complexe, depuis leur première apparition sur la planète il y a près de 300 millions d’années. Ils remplissent un certain nombre de fonctions importantes dans les écosystèmes mondiaux, que ce soit comme prédateurs ou comme proies.

« Il faut remédier aux lacunes dans les connaissances et aux insuffisances des mesures de conservation, pour que celles-ci soient efficaces et que les reptiles survivent et prospèrent partout dans le monde », dit Ben Collen, directeur de l’Unité indicateurs et évaluations de la Société zoologique de Londres. « Les résultats de cette étude facilitent et accélèrent la prise de décisions importantes pour la conservation et situent clairement les reptiles sur la carte de la conservation ».

Les informations tirées de cette étude feront partie de l’évaluation mondiale des reptiles entreprise par l’UICN et actuellement en cours.

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Ewa Magiera, Relations médias UICN, mobile +41 79 856 76 26, ewa.magiera@iucn.org