Communiqué de presse | 14 Mar, 2012

Pensez aux barrages, pensez au peuple

Marseille, 14 mars 2012 – Dans le cadre des processus de construction des grands barrages, il est possible de penser aux bénéfices locaux pour les communautés affectées, en même temps qu’aux objectifs de développement nationaux plus larges, souligne une étude présentée aujourd’hui au Forum Mondial de l’Eau par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et l’IIED (l’Institut international pour l’environnement et le développement).

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Photo: Jean-Claude Frisque

Partager l’eau et ses bénéfices examine la situation autour de six barrages au Sénégal, Mali et Burkina Faso pour comprendre comment ces ouvrages ont affecté les conditions de vie des communautés locales et quelles ont été les opportunités de développement pour celles-ci. L’analyse révèle que l’accès aux bénéfices de développement local passe par l’implication effective des communautés lors de la planification et de la construction des barrages.

“Lors de la construction des grands barrages, les objectifs nationaux pour produire l’électricité, réduire la dépendance des pays à l’énergie importée et améliorer la sécurité alimentaire, éclipsent souvent le potentiel de croissance au niveau local ou régional » explique Jérôme Koundouno, Coordinateur du projet GWI-Barrages à l’UICN. « Finalement, les populations locales se retrouvent marginalisées dans le processus – elles ne reçoivent pas la pleine compensation des impacts du barrage sur leurs moyens d’existence et leur environnement traditionnel, et bénéficient rarement de ses bénéfices.»

Bien que les populations qui ont perdu leurs terres suite à la mise en eau du barrage de Sélingué au Mali ont reçu en compensation des nouvelles parcelles irriguées, celles-ci n’ont pas reçu l’appui technique nécessaire pour maîtriser les nouvelles techniques agricoles. Confrontés à des récoltes désastreuses, de nombreux villageois ont abandonné leurs parcelles où se sont vu se les faire retirer pour cause d’incapacité de production.

Dans le cas des barrages de Niandouba au Sénégal et Kompienga au Burkina Faso, les études préliminaires ont mal évalué la zone affectée par le réservoir du barrage. Comme conséquence, des villages n’ont pas été compensés pour les pertes subies, ce qui a engendré la frustration des populations locales.

Le barrage de Moussodougou au Burkina Faso a créé une nouvelle ressource halieutique pour les communautés locales. Mais en l’absence d’une gestion rigoureuse et maîtrisée, le stock de poisson et la productivité ont diminué à cause de la surexploitation. Des tensions apparaissent aussi parmi les villageois liées aux condtions d’accès à la ressource.

“Quel que soit l’objectif national initial des barrages, leur construction affecte toujours leur zone d’implantation » souligne Jean-Marc Garreau, Coordinateur régional du programme l'UICN en Afrique Centrale et Occidentale. « Ils modifient l’environnement et peuvent complètement transformer les sociétés traditionnelles locales. Les solutions pour éviter ou corriger ces effets néfastes doivent être prises en compte et intégrées tout au long du processus de construction.»

L’étude souligne des enseignements qui peuvent aider à relever ces défis comme par exemple : impliquer les communautés locales dans les prises de décision lors de la construction et relatives aux questions d’investissement, de compensation et de déplacement. Les conclusions mettent également en avant la nécessité d’élaborer des politiques et règles pour permettre aux populations de s’adapter au changement apporté par le barrage, d’utiliser durablement leurs terres et autres ressources, et d’obtenir un accès préférentiel aux bénéfices générés par l’ouvrage comme l’irrigation et l’éléctricité.

“ Les promoteurs ont besoin de travailler avec les communautés locales au lieu de les voir comme un obstacle au progrès national” précise Jamie Skinner, chercheur à l’IIED. « Impliquer les populations en leur donnant un rôle à jouer dans le processus n’est pas coûteux ni compliqué. Et cela se révèlerait bénéfique pour toutes les parties prenantes.»

Les défis sur les barrages et gestion de l'eau seront élaboré plus extensivement au Congrès de l'UICN à Jeju, en République de Corée, du 5 au 15 Septembre 2012.

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Contacts :
Jean-Marc Garreau, Coordinateur régional du programme l'UICN en Afrique Centrale et Occidentale. Jean-Marc@iucn.org
Jérôme Koundouno, Coordinateur du projet Global Water Initiative-Barrages, UICN, Jerome.Koundouno@iucn.org
Jamie Skinner, Coordinateur régional du programme Global Water Initiative en Afrique de l’Ouest, IIED, jamie.skinner@iied.org

Pour plus d’informations ou pour des entretiens, veuillez contacter:
• Ewa Magiera, IUCN Media Relations, m +41 79 856 76 26, e ewa.magiera@iucn.org
• A Marseille: Brian Thomson, IUCN Media Relations, m +41 79 721 8326, e brian.thomson@iucn.org
Claire Warmenbol, IUCN Water Programme Communications Officer: m +41 79 404 1973, e claire.warmenbol@iucn.org

Des interviews audio de qualité studio sont disponibles pour la radiodiffusion au moyen de notre ligne ISDN (APTX/G722). Veuillez appeler le +41 22 999 0346 pour réserver une tranche horaire d’interview.

Note de l’éditeur :
Partager l’eau et ses bénéfices : les leçons de six grands barrages en Afrique de l’Ouest a été publié par la Global Water Initiative (GWI) soutenue par la Fondation Howard G. Buffet. Le programme GWI, financé par la Fondation Howard G. Buffett, cherche à relever le défi que représente la fourniture durable d’un accès à l’eau salubre et à l’assainissement, ainsi que la protection et la gestion des services des écosystèmes et des bassins hydrographiques, au profit des populations les plus pauvres et les plus vulnérables qui dépendent de ces services. Le collectif régional de la GWI en Afrique de l’Ouest est composé des partenaires suivants : Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Catholic Relief Services (CRS), CARE International, SOS Sahel (UK) et l’Institut International pour l’Environnement et le
Développement (IIED).