Communiqué de presse | 29 Sep, 2011

Les experts identifient les populations de tortues les plus menacées

Les plus grands spécialistes mondiaux des tortues ont découvert que près de la moitié (45%) des populations menacées de tortues marines se trouvent dans le nord de l’Océan Indien. L’étude a aussi déterminé que les menaces les plus importantes pour l’ensemble des populations des tortues marines sont les captures accidentelles par des pêcheurs qui ciblent d’autres espèces, et le prélèvement direct de tortues ou de leurs œufs pour les manger ou pour le commerce de l’écaille.

Un rapport récent, préparé par le Groupe de spécialistes des tortues marines de l’UICN (Union international pour la conservation de la nature), avec le soutien de Conservation International (CI) et de la National Fish and Wildlife Foundation (NFWF), est la première évaluation complète de l’état de toutes les populations de tortues dans le monde. L’étude, conçue pour préparer un projet de conservation et de recherche, a évalué l’état de chacune des populations de tortues marines et identifié les 11 populations les plus menacées, ainsi que les 12 populations les plus saines.

Cinq des onze espèces de tortues marines les plus menacées sont trouvent dans le nord de l’Océan Indien; plus particulièrement, des populations spécifiquement menacées de Tortues caouannes (Caretta caretta) et de Tortues olivâtres (Lepidochelys olivacea) se trouvent dans le nord de l’Océan Indien, dans des eaux et des sites de ponte situés à l’intérieur de Zones économiques exclusives (ZEE) de pays tels que l’Inde, le Sri Lanka et le Bangladesh. D’autres régions particulièrement dangereuses pour les tortues marines sont l’Océan Pacifique oriental (des États-Unis à l’Amérique du Sud) et la côte atlantique orientale (au large des côtes d’Afrique occidentale).

« Le rapport confirme que l’Inde héberge un grand nombre de tortues marines parmi les plus menacées du monde », dit le Dr B. C. Choudhury, chef du Département de la gestion d'espèces menacées du Wildlife Institut indien (Institut de la faune et de la flore sauvages), l’un des auteurs de l’étude. Ce document est un signal d’alerte, pour que les autorités renforcent la protection des tortues marines de l’Inde et de leurs habitats afin d’assurer leur survie.»

L’étude identifie aussi les 12 populations de tortues marines les plus saines de la planète ; elles sont nombreuses et rencontrent relativement peu de menaces. Cinq d’entre elles, dont la Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) et la Tortue verte (Chelonia mydas), ont des populations prospères dans des habitats favorables, dont des sites de ponte et des zones de nourrissage en Australie, au Mexique et au Brésil. Des populations de tortues dans un état favorable se trouvent aussi dans le sud-ouest de l’Océan Indien, en Micronésie et en Polynésie française, entre autres.

« Avant de mener à bien cette étude, tout ce que l’on savait des tortues marines c’est que six espèces sur sept sont menacées d’extinction sur le plan mondial », dit le Dr Bryan Wallace, Directeur scientifique du Programme des espèces marines emblématiques de CI, et auteur principal du document. « Ce n’était pas très utile, parce que cela ne nous aidait pas à établir des priorités pour différentes populations dans différentes régions ; les tortues ont partout besoin d’actions de conservation, mais ce cadre nous aide à mieux cibler nos efforts dans les différentes régions du monde ».

« Cette étude définit une référence de base pour toutes les tortues marines, à partie de laquelle nous pouvons mesurer le progrès du rétablissement de ces populations menacées à l’avenir » explique Roderic Mast, co-président du Groupe de spécialistes des tortues marines et l’un des auteurs du document. « Grâce à ce travail, nous avons beaucoup appris sur les succès et les échecs de la conservation des tortues marines ; maintenant nous voulons traduire les leçons apprises dans des stratégies de conservation solides pour les tortues marines et leurs habitats ».