Communiqué de presse | 06 Juin, 2012

Des menaces d’une ampleur sans précédent pèsent sur les oiseaux amazoniens

Le risque d’extinction s’est accru sensiblement pour près d’une centaine d’espèces d’oiseaux amazoniens ; c’est ce que révèle la mise à jour consacrée aux oiseaux de la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN™ 2012, rendue publique aujourd’hui par BirdLife International. Cette nouvelle évaluation est fondée sur des modèles qui projettent l’étendue et l’évolution de la déforestation en Amazonie.

Pour des espèces ayant une plus longue durée de vie, comme le Grisin charbonnier (Cercomacra carbonaria), les effets de taux de déforestation même modérés peuvent s’avérer importants et suscitent de ce fait une préoccupation particulière. Certaines espèces, comme l’Anabasitte du Roraima (Synallaxis kollari), pourraient perdre plus de 80% de leur habitat dans les décennies à venir et ont été classées dans la catégorie de risque la plus élevée: « En danger critique d’extinction ».

« Les informations fournies par BirdLife servent à orienter les politiques et les actions de conservation des oiseaux », explique Jane Smart, Directrice mondiale du Groupe de conservation de l’UICN. « Les mesures de conservation ont manifestement des effets positifs, mais nous devons agir davantage pour protéger ces espèces magnifiques qui contribuent à maintenir la santé des écosystèmes dont dépendent les oiseaux mais aussi les êtres humains. »

La mise à jour 2012 examine de façon très complète l’état de conservation de l’ensemble des espèces d’oiseaux de la planète, qui s’élèvent à plus de 10 000; ces évaluations sont effectuées tous les quatre ans. L’édition 2012 met en lumière des déclins inquiétants, non seulement dans les régions tropicales, mais également dans le nord de l’Europe. Plus d’un million de Hareldes boréales (Clangula hyemalis) ont disparu de la Baltique depuis 20 ans ; l’espèce est maintenant classée « Vulnérable ». Les raisons du déclin de ce canard plongeur ne sont pas connues précisément, mais un autre canard marin, la Macreuse brune (Melanitta fusca) a subi un déclin plus grave et se trouve classée « En danger ».

En Afrique, le Vautour africain (Gyps africanus) et le Vautour de Rüppell (Gyps rueppellii), connaissent le même sort que leurs cousins asiatiques, avec des déclins rapides liés à l’empoisonnement et à la destruction de leurs habitats. Ils se trouvent maintenant dans la catégorie « En danger ». Leur déclin a des effets très étendus, car les vautours jouent un rôle important dans la chaîne alimentaire en se nourrissant d’animaux morts.

« Nous avions sous-estimé le risque d’extinction auquel sont confrontées de nombreuses espèces amazoniennes », dit Leon Bennun, Directeur des sciences, des politiques et de l’information de BirdLife. « Or, étant donné les amendements récents qui affaiblissent la législation forestière brésilienne, la situation peut s’aggraver même au-delà des prévisions des dernières études. »

Mais il y a également de bonnes nouvelles. Le Grisin du Restinga (Formicivora littoralis), un petit oiseau des côtes du sud-est du Brésil, n’est plus classé dans la catégorie « En danger critique d’extinction », les études les plus récentes ayant montré qu’il a une aire de répartition plus étendue qu’on ne le pensait. Son avenir semble mieux assuré grâce à la création d’une aire protégée qui comprend sa zone de répartition principale.

Il y a aussi des exemples d’espèces qui, contre toute attente, remontent une pente qui semblait fatale. Ainsi, dans les îles Cook du Pacifique, le rétablissement du Monarque de Rarotonga (Pomarea dimidiate), qui était à une époque l’un des oiseaux les plus rares du monde, se poursuit et son statut a été ramené à « Vulnérable ». Des mesures énergiques de conservation, notamment la lutte contre des prédateurs envahissants comme les rats noirs, ont sauvé l’espèce de l’extinction. La population, qui a été multipliée par plus de dix par rapport à son niveau le plus faible, compte maintenant près de 380 individus. Des actions de conservation restent cependant nécessaires.

« Ces succès montrent qu’il est possible d’atteindre des résultats remarquables lorsque les efforts et l’engagement des écologistes et des communautés locales sont étayés par un soutien politique et des ressources adaptées », dit Stuart Butchart, coordinateur mondial de la recherche de BirdLife. « Mais les préoccupations que suscite l’Amazonie soulignent le besoin urgent de mettre en œuvre les engagements internationaux pris par les États en établissant de vastes réseaux d’aires protégées bien gérées et dotées des ressources nécessaires ».

Les questions liées à la sauvegarde et à la conservation des espèces seront examinées lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui se tiendra à Jeju, République de Corée, du 6 au 15 septembre 2012.

Pour plus d’informations ou pour des interviews, veuillez contacter :
• Maggie Roth, Relations médias UICN, mobile +41 79 104 2460, maggie.roth@iucn.org  
• Camellia Williams, Communication, Programme des espèces, UICN, tél. +41 22 999 0154, camellia.williams@iucn.org  
• Martin Fowlier, Communication BirdLife, tél. +44 (0)1223 279813, martin.fowlie@birdlife.org